Le livre de J. Le Goff pose deux grands problèmes : le premier est indiqué par le titre : Quand et comment est né le Purgatoire ? et quel est le sens de cette invention ? Le second est posé par la diffusion et la banalisation du Purgatoire : comment cette création d'intellectuels du XIIe siècle est-elle devenue, à une époque qu'il convient de préciser, l'une des dévotions les plus populaires de ce qui sera le catholicisme de la Contre-Réforme et du XIXe siècle ?
D'abord les origines et la formation du Purgatoire. Il faut tout de suite lever une équivoque. Ne confondons pas, malgré la proximité des données, les prières des vivants en faveur du mort et l'espace consacré, dans un certain système eschatologique, à la purification des âmes entre le moment de leur mort et la fin des Temps.
La question des prières pour les morts — d'ailleurs très difficile — a déjà été étudiée dans un beau livre de J. Ntedika, L'évocation de l'Au-delà dans la prière pour les morts. Disons seulement qu'il n'est pas possible de fixer une origine aux prières pour les morts : elles sont très anciennes et le christianisme a été dès ses débuts influencé par deux attitudes contraires qui lui préexistaient.